Votre tante de 82 ans vient de faire une chute dans sa salle de bain. Verdict : une fracture du col du fémur. Comme des milliers de personnes âgées chaque année, elle se retrouve hospitalisée en urgence et son pronostic n’est pas optimal, selon les médecins.

Au-delà d’une inquiétude naturelle, vous vous demandez quelles seront les étapes de sa prise en charge, les risques liés à l’intervention, le type de rééducation nécessaire, ainsi que les conséquences sur son autonomie. Vous trouverez les réponses à ces interrogations légitimes dans cet article, ainsi que les moyens de prévenir la fracture du col du fémur.

Col du fémur et hanche : quel traitement ?

Chaque année, ce sont plus de 50 000 personnes âgées de plus de 65 ans qui se retrouvent à l’hôpital pour une fracture de la hanche. Le traitement global, qui comprend opération, suivi et rééducation, dépend du type de fracture, de l’âge du patient, de sa mobilité antérieure, et de son état de santé général.

Quels sont les types de fracture ?

Le fémur est l’os long de la cuisse. Son extrémité supérieure est reliée à un massif osseux, le massif trochantérien, par une zone étroite appelée col. La tête s’insère dans le bassin. 

Il existe deux grands types de fractures de la hanche :

-La fracture au niveau du col, fracture cervicale qu’on appelle communément fracture du col du fémur ;

-La fracture au niveau du trochanter

L’une et l’autre présentent un facteur de gravité, le risque étant que la personne âgée fasse des complications ou ait du mal à se réadapter à une vie autonome.

infographie du Col du fémur

Source : Institut de Chirurgie Réparatrice de Nice

Chirurgie orthopédique : ostéosynthèse ou prothèse ?

Dans le cas d’une fracture au niveau du col, deux options de traitement sont possibles : 

-Si la fracture n’est pas ou peu déplacée chez une personne âgée, les chirurgiens privilégient l’ostéosynthèse. On utilise des vis ou des plaques pour solidariser les deux fragments osseux  du fémur fracturé. 

-Si la fracture est déplacée ou si les hanches sont touchées par l’arthrose, le chirurgien orthopédique pose une prothèse de hanche.

-S’il s’agit d’une fracture trochantérienne, on utilise en règle générale l’ostéosynthèse.

Risques et complications après une opération du col du fémur

Le danger de la fracture du col du fémur chez les personnes âgées tient surtout à l’alitement prolongé que celle-ci implique. Ainsi, après l’opération, le patient présente des risques accrus de phlébite, d’infection ou d’embolie pulmonaire, d’anémie, de confusion mentale, voire d’une perte d’autonomie (rééducation peu opérante). 

Il existe également des complications liées aux modes opératoires :

-L’ostéosynthèse peut entraîner une infection, une nécrose de la tête fémorale, ou tout simplement ne pas réussir à consolider la fracture ;

-La pose d’une prothèse génère elle aussi un risque d’infection. Parmi les problèmes potentiels, le descellement de la prothèse avec l’os se traduit par des douleurs importantes.

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Fracture de la hanche : quelle prise en charge en rééducation ?

Après une opération du col du fémur, une rééducation est indispensable. Elle a pour objectif de limiter la perte musculaire, les complications liées à l’alitement et de favoriser le retour à la marche.

Après l’intervention, le patient est rapidement transféré dans un service de soins de suite et de réadaptation (SSR). Les séances de kinésithérapie sont quotidiennes, avec des exercices progressifs pour restaurer l’équilibre, la marche et la force. Selon son état de santé et son âge, il peut recouvrer complètement son autonomie d’avant la fracture ou perdre en autonomie.

La fracture du col du fémur : un enjeu majeur de santé publique

Chaque année, ce sont plus de 50 000 fractures du col du fémur que l’on recense chez les personnes âgées. Celles-ci sont presque toujours liées à une chute. Les conséquences sur les seniors sont souvent dramatiques.

Les facteurs de risque des fractures de la hanche

L’âge est un facteur de risque majeur, la densité osseuse se réduisant avec l’âge. Mais il existe de nombreux autres facteurs pouvant mener à une chute et une fracture :

-Le sexe féminin : les femmes sont beaucoup plus touchées par l’ostéoporose, qui fragilise l’os jusqu’à le rendre cassant au moindre choc ;

-Des carences en calcium et en vitamine D, qui fragilisent l’os ;

-Le fait de fumer et de consommer de l’alcool, ces deux habitudes aggravant l’ostéoporose ;

-La sédentarité : os moins solides, muscles moins développés et équilibre plus fragile ;

-Certains traitements, comme la cortisone, qui réduisent la densité osseuse ;

-Certaines maladies chroniques, comme le diabète, des troubles neurologiques, etc.

Des risques accrus de perte d’autonomie

La fracture de l’extrémité supérieure du fémur constitue souvent une rupture dans le parcours de vie. Environ une personne sur deux garde des séquelles à long terme. Une fracture du col fémoral peut limiter les déplacements, entraîner une perte de confiance, ou aggraver des troubles cognitifs. 

Une mortalité encore élevée

La fracture du col du fémur reste associée à une mortalité élevée : entre 15 et 20 % des patients décèdent dans l’année qui suit la fracture. Cela en fait une urgence orthopédique majeure.

groupe de femmes seniors qui font du sport pour prévenir d'une fracture du col du fémur

Fracture du col du fémur : comment la prévenir ?

La prévention des chutes est la meilleure stratégie pour éviter la fracture du col du fémur. Plusieurs leviers d’action existent, à la fois médicaux, physiques et environnementaux.

Prévention des chutes par une activité physique adaptée 

Pratiquer une activité physique régulière, même douce (marche, gymnastique douce, aquagym…), améliore l’équilibre, renforce les muscles et diminue le risque de chute. Ces activités sont praticables à domicile comme en établissement.

Dépistage et traitement de l’ostéoporose

Chez les personnes à risque, un bilan osseux peut être proposé (ostéodensitométrie). En cas d’ostéoporose, un traitement adapté (biphosphonates, calcium, vitamine D) est prescrit. Il diminue significativement le risque de fractures futures.

Si la personne est fumeuse ou consommatrice régulière d’alcool, combiner le traitement avec un abandon de ces habitudes donne généralement de très bons résultats.

Sécurisation du logement des personnes âgées pour éviter les chutes

Plus de 70 % des chutes des plus de 65 ans ont lieu à leur domicile. L’aménagement du domicile est essentiel pour prévenir les chutes. Il peut être relativement succinct, mais doit nécessairement porter sur les points suivants :

-Retirer les tapis ;

-Installer des barres d’appui dans les toilettes et la salle de bain ;

-Opter pour un revêtement de sol antidérapant ;

-Bien éclairer les pièces et les couloirs ;

-Prévoir un éclairage automatique nocturne pour les déplacements dans le logement ;

-Des ergothérapeutes peuvent intervenir à domicile pour proposer des solutions personnalisées, etc.

Surveiller les traitements et les déficiences sensorielles

Certains médicaments favorisent les vertiges ou la somnolence. Une revue régulière du traitement par le médecin est essentielle. De même, corriger une mauvaise vue ou des troubles de l’audition permet d’améliorer l’équilibre.

La fracture du col du fémur est un accident trop fréquent, grave et déstabilisant pour la personne âgée et son entourage. Elle nécessite une prise en charge rapide en chirurgie orthopédique traumatologique, suivie d’une rééducation adaptée pour éviter une perte d’autonomie. Elle peut être évitée avec des actions simples et faciles à mettre en œuvre. En tant qu’aidant, bien comprendre les enjeux et anticiper les risques est une clé essentielle pour protéger vos proches et les accompagner vers un meilleur futur.