Le développement de la maladie d’Alzheimer chez votre mère rend son maintien à domicile de plus en plus compliqué. Avec les autres membres de la famille, vous pensez qu’il est préférable de la faire entrer au plus vite dans un établissement spécialisé. Malheureusement, elle s’y refuse. Sans son consentement, il n’est pas possible de la placer en EHPAD, sauf à la suite d’une procédure judiciaire éprouvante. Il existe cependant des moyens de procéder qui pourront amener progressivement votre proche à accepter de quitter son logement. Voici les cinq stratégies les plus efficaces en la matière qui vous permettront de respecter la dignité et la sensibilité de votre mère.
1. Engager un dialogue ouvert et empathique avec la personne âgée Alzheimer
Lors de ses premiers stades, la maladie d’Alzheimer laisse de nombreux moments de pleine conscience à la personne âgée. Il est tout à fait possible de discuter avec elle et de faire valoir vos arguments.
Une communication franche et ouverte sur l’entrée en EHPAD
Communiquer avec un senior atteint de la maladie d’Alzheimer est essentiel pour tenter de surmonter les réticences liées à l’admission en EHPAD. Chercher à instaurer un dialogue fondé sur des faits et sur votre préoccupation pour la santé de votre proche est nécessaire.
Voici quelques conseils pour instaurer un dialogue constructif :
-Exprimez vos propres sentiments. Plutôt que de pointer les difficultés de votre proche, partagez vos appréhensions. Vous pouvez par exemple lui expliquer que vous vous inquiétez pour sa sécurité à la maison.
-Soyez à son écoute. Laissez votre proche exprimer ses peurs et ses objections sans l’interrompre. Faites preuve de compréhension et laissez-la faire part de son anxiété.
–Évitez les confrontations. Adoptez un ton calme et rassurant, sans chercher à imposer votre point de vue.
-Dans la mesure du possible, ne soyez pas le seul à évoquer l’idée de l’EHPAD avec votre parent. Les autres membres de la famille ont aussi à faire leur part. Ils doivent participer à un front uni et solidaire.
Des techniques facilitant l’écoute du senior
Afin d’optimiser l’impact des dialogues avec votre proche concernant son entrée en maison de retraite, soyez attentif à :
–Choisir le bon moment pour évoquer la question. Abordez le sujet lors d’un moment calme et propice à la discussion et lorsque la personne âgée a l’esprit clair.
–Utiliser des phrases positives. Évitez de dresser un tableau trop sombre de la maladie et de ses effets. Mettez en avant les avantages d’une prise en charge en l’EHPAD : un environnement sécurisé, bienveillant, la possibilité d’une vie sociale active, l’existence de nombreuses activités, etc.
–Faire preuve de patience. Convaincre votre proche prendra du temps. C’est une décision lourde de conséquences que de quitter définitivement son domicile. Ne mettez pas la pression sur votre mère, laissez le temps agir.
2. Impliquer le senior Alzheimer dans le processus décisionnel
Laissez-lui la maîtrise de la décision. Donner à votre proche un rôle actif dans les démarches peut atténuer son sentiment de perte de contrôle et rendre la perspective de la maison de retraite plus acceptable.
–Discutez des options disponibles. Présentez-lui les différentes structures et services afin qu’il puisse exprimer ses préférences.
–Explorez avec lui les établissements correspondant à ses besoins sur le site Trouver une maison de retraite.
–Planifiez des visites d’établissements ensemble. Cela permet de démystifier l’EHPAD et de choisir un lieu qui correspond à ses préférences.
–Respectez son rythme. Évitez de précipiter les décisions et laissez le temps nécessaire pour s’adapter à l’idée.

3. Faire intervenir des professionnels pour un placement en EHPAD
Lorsque le conflit avec votre parent semble impossible à régler, il peut être utile de faire appel à des intervenants extérieurs à la famille. Ceux-ci, dotés d’une certaine autorité et exempts de toute implication émotionnelle, peuvent aider à débloquer la situation. Vous pouvez :
-Consultez le médecin traitant de la personne atteinte de la maladie d’Alzheimer. Il expliquera objectivement les bénéfices d’un EHPAD dans l’accompagnement de la pathologie, et répondra aux questions médicales.
-Si vous avez déjà repéré un établissement qui pourrait convenir à votre proche, organisez une rencontre avec le médecin coordonnateur de l’EHPAD qui peut jouer un rôle important. Il saura expliquer en quoi l’établissement est adapté à ses besoins médicaux et sociaux, et détailler les prises en charge spécifiques disponibles dans l’établissement.
-Sollicitez une assistance sociale. Habituée au contact avec les patients Alzheimer, elle pourra fournir des détails pratiques et donner des informations précises sur les aides disponibles et les démarches à suivre.
-Dans certains cas, tous les membres d’une famille ne parviennent pas à se mettre d’accord sur la décision de placement en EHPAD de la personne âgée. Envisager la médiation familiale est alors une solution pertinente. Le médiateur facilite les échanges interfamiliaux et peut parvenir à l’émergence d’un consensus.
4. Proposer une transition progressive vers l’hébergement en EHPAD
Opérer une transition douce, une première approche de l’EHPAD sans quitter définitivement son domicile peut être un moyen efficace de calmer les inquiétudes de la personne âgée et de l’habituer à l’idée d’un futur déménagement.
L’admission en hébergement temporaire
En attendant de prendre une décision définitive concernant l’emménagement en EHPAD pour le reste de ses jours, votre proche peut accepter d’aller par intermittence dans un établissement qui pratique l’hébergement temporaire. Cette solution permet au malade Alzheimer :
-D’y résider quelques jours ponctuellement : pendant une semaine de vacances des aidants familiaux, par exemple ;
-D’y aller régulièrement : une semaine tous les mois, une quinzaine tous les deux mois…;
-Ou encore d’y emménager pour quelques mois.
L’intérêt de cette pratique est double :
-Il décharge les aidants pendant le temps de l’hébergement,
-Il aide la personne âgée à se familiariser avec les lieux, les activités, le personnel.
L’accueil de jour des personnes atteintes d’Alzheimer
Certains EHPAD proposent un accueil de jour. Cet accueil est destiné aux personnes âgées souffrant de la maladie d’Alzheimer ou de troubles apparentés, et qui vivent à domicile. Il propose des activités destinées à stimuler les capacités physiques et cognitives des patients. C’est également un endroit de socialisation, où les personnes prises en charge en journée ont l’opportunité de rencontrer d’autres personnes et de tisser des liens.
5. Envisager l’accueil familial, une alternative à l’EHPAD
Une autre manière d’aider le senior Alzheimer à accepter de quitter son domicile, c’est de lui proposer un type d’hébergement autre que l’EHPAD, peut-être plus convivial. Cela concerne les personnes souffrant de troubles légers ou faiblement modérés.
C’est un accueillant familial qui accueille chez lui une à trois personnes âgées qui ont accès libre aux pièces communes et disposent chacune d’une chambre aménagée. Il assure l’hébergement et la restauration du senior ainsi que l’entretien de ses vêtements. La personne accueillie bénéficie d’un accompagnement permanent et personnalisé. Des soignants peuvent intervenir pour prodiguer des soins.
Faire face au refus d’un proche atteint de la maladie d’Alzheimer d’entrer en EHPAD reste un moment difficile. L’important est d’agir avec patience et bienveillance, en mettant toujours son intérêt au centre de vos décisions. En combinant l’engagement de toute la famille, une communication empathique et à l’écoute, le soutien de professionnels, il est possible de trouver une solution respectueuse qui ménage la personne âgée.
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