Votre parent a récemment vu ses capacités physiques se dégrader. Vous vous mettez à penser qu’il serait mieux accompagné dans un EHPAD. Mais avant de lui en parler, vous vous inquiétez de sa réaction. Sera-t-il partant ? Ou vous adressera-t-il un refus catégorique ? Et dans ce cas, comment faire ? Cet article aborde les différents cas de figure possibles, et vous donne les clés pour les résoudre.

La personne âgée : un rôle central dans la décision de placement en EHPAD

Alors qu’elle a mené une vie indépendante toute son existence, la personne âgée fragilisée se trouve devant un défi : doit-elle accepter de quitter son environnement familier et s’en remettre à des personnes étrangères ? C’est à elle qu’il revient in fine de prendre la décision. 

Pas de placement en EHPAD sans consentement éclairé

L’article L.311-3 du Code de l’action sociale et des familles reconnaît le droit de toute personne âgée à choisir son lieu de vie. Son consentement est un principe fondamental. Lorsqu’elle est en capacité de discernement, c’est à elle seule que revient la décision d’emménager dans un EHPAD. Les arguments et éléments ayant abouti à cette décision doivent reposer sur une information claire, honnête et complète des conditions de vie dans l’établissement. Cette exigence garantit le respect de ses droits et libertés.

Décision de placement : l’aboutissement d’une réflexion collective

Dans de nombreux cas, la personne âgée prend elle-même l’initiative de demander son placement. Ce choix peut être motivé en particulier par :

-un sentiment croissant d’isolement ;

-une perte d’autonomie ou une condition de santé qui se détériore ;

-la volonté de préserver ses proches en les allégeant d’une charge de plus en plus importante.

Les discussions avec sa famille jouent aussi un rôle important. Les proches peuvent alerter leur parent en lui faisant comprendre les risques d’un maintien à domicile : chute, manque d’assistance… À l’inverse, il arrive que certains proches ne souhaitent pas le placement de la personne âgée et plaident pour s’en occuper eux-mêmes.

Enfin, le médecin traitant peut apporter un avis déterminant, notamment en évaluant l’état de santé et les besoins de la personne en soins et en accompagnement. 

La vérification du consentement lors de l’entrée en EHPAD

L’admission en EHPAD est officialisée par la signature d’un contrat de séjour. Ce document, signé par la personne âgée ou son représentant légal, formalise son accord pour résider dans l’établissement. Il précise les services inclus, les conditions financières, et les modalités de résiliation.

Placement en EHPAD sans consentement : dans quels cas ?

Il est des conditions de santé empêchant le libre consentement. Dans ces cas précis, des procédures spécifiques sont alors mises en place.

Les situations d’incapacité de décision du senior

Certaines pathologies peuvent altérer la capacité de discernement de la personne âgée, l’empêchant de prendre une décision éclairée. C’est le cas, entre autres : 

-Des maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer ou d’autres troubles cognitifs altèrent le discernement.

-Des pertes de lucidité temporaires ou permanentes, dues à un AVC ou à des traumatismes, qui risquent de réduire la capacité à comprendre et à décider.

Quelles mesures pour un placement sans consentement ?

Dans les cas où la famille, un  proche ou un médecin estiment que la personne âgée ne dispose plus de sa capacité à prendre des décisions et que sa vie peut être mise en danger si elle reste à domicile, une demande de mise sous protection juridique (tutelle, curatelle) peut être adressée au juge des tutelles. 

Si cette demande est acceptée, cela permet à un tuteur nommément désigné d’assister ou de représenter la personne dans ses décisions importantes, y compris l’admission en EHPAD. 

Dans ces cas, un certificat médical, établi par un médecin, est généralement nécessaire pour justifier l’admission en EHPAD sans consentement. De même, le médecin référent de l’EHPAD peut accepter ou refuser son emménagement en fondant sa décision sur des critères médicaux.

femme senior et sa fille qui discutent d'un placement

Comment éviter ou gérer les conflits autour de la décision de placement ?

L’entrée en EHPAD est un moment lourd de conséquences tant pour la personne âgée elle-même que pour son entourage familial. Il existe des moyens de convaincre celles et ceux qui pourraient résister à une telle perspective et d’éviter de sévères conflits intrafamiliaux.

Refus du senior d’emménager en EHPAD : comment apaiser les inquiétudes ?

Lorsque ses capacités de décision ne sont pas altérées, votre parent peut refuser d’envisager son placement dans un établissement pour personnes âgées dépendantes. Si vous faites le constat qu’il n’est plus possible de le laisser vivre à son domicile, au risque d’un accident ou d’un accompagnement dégradé, prenez le temps de lui expliquer la situation :

-Reprenez avec lui les arguments qui vous conduisent à cette suggestion de placement ;

Répondez à toutes ses questions de la manière la plus honnête possible : financement de l’hébergement, fonctionnement d’une maison de retraite, inquiétude sur ce que deviendront son domicile et ses objets personnels… ;

-Faites intervenir son médecin dont l’autorité scientifique pourra le persuader ;

Visitez avec lui plusieurs établissements.

Si la situation perdure et que les autres membres de la famille ne parviennent pas non plus à lui faire accepter un placement en EHPAD, vous pouvez faire appel à un médiateur familial. Neutre, ce dernier pourra plus facilement être entendu et compris de votre parent.

Les clés pour une décision sereine en famille 

La perspective de voir son parent rejoindre un EHPAD peut être une occasion où se ravivent des conflits larvés entre membres de la famille. Chargée d’émotions, renvoyant chacun à ses rapports intimes avec son parent, réveillant des blessures, elle risque de générer une situation de blocage, dont la personne âgée risque de faire les frais.

Si c’est bien la décision du senior qui compte, celle-ci est facilitée si l’ensemble de ses proches s’entendent et appuient le choix de l’EHPAD. Il est donc important de tout faire pour qu’une certaine harmonie entoure ce passage vers un hébergement médicalisé.

-Parlez en famille de cette perspective, en toute transparence ;

-Restez très ouvert aux échanges ;

Laissez le temps à chacun de se faire à l’idée d’un placement ;

-Enfin, si des blocages persistent, mettant la personne âgée en difficulté, vous pouvez également recourir à la médiation familiale.

Il est tout à fait normal que le choix d’un EHPAD pour votre parent soit difficile, pour vous comme pour les membres de votre famille. L’EHPAD peut être une solution pertinente pour garantir sa sécurité et son bien-être, en fonction de ses besoins. Il pourra ainsi bénéficier d’un cadre adapté à sa condition qui respecte sa dignité.